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Claire BILLEN - Histoire urbaine

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Claire BILLEN - Histoire urbaine Empty Claire BILLEN - Histoire urbaine

Message  dragan Ven 11 Fév - 11:04

Note du cours pour les absents du 11/802/2011.

Comparer deux villes dont une ville mondiale, 3/4h avec fichier PPT. Les points seront basés sur ce travail qui donnera lieu à une discussion collective en classe, la présence est obligatoire au cours. Nous devons être actifs et l'un des exercices est l'effort d'intervention, de question, de prise de parole. Pour pouvoir évaluer, chaque groupe sera vu individuellement sur la base de la version papier de la présentation PPT et de la bibliographie. Il n'y aura donc pas de jugement après l'exposé, les remarques seront dites en face à face.

Nous avons vu, jusqu'à présent, l'apport des géographes, puis nous avons posé des questions aux sociologues, leur apport est au coeur de la discussion sur les villes aujourd'hui. Nous avons investigué les sociologues historiques jusqu'aux plus récents et nous avons montré la vitalité d'une école sociologique relativement ancienne, l'école de Chicago. Nous avons vu que des sociologues manquaient de culture historique mais ce n'est pas une raison pour balayer ce qu'ils peuvent nous apporter.


Conclusions sur l'apport des sociologues.
Se sont confrontés en profondeur aux défis de l'analyse du phénomène urbain contemporain
Attirent l'attention sur les interactions entre le social et le spatial.
Tentent de percevoir la ville dans son incessant mouvement de composition/recomposition tant social que spatial.
Attribuent un rôle important aux usages individuels et collectifs de l'espace.
Les nouvelles questions des sociologues interpellent la dimension temporelle et donc les historiens.

C'est dans la société urbaine par excellence que la créativité, la culture, le métissage se nouent.

Les historiens et la ville

On note l'importance de l'histoire des villes à l'échelon de tous les historiens aussi bien européens qu'américains. Importance de la réflexion de Henri Pirenne (1862-1935). La prégnance de H. Pirenne demeure très forte, qui apparaît comme "une vieille barbe" (péjorativement) dépassée. Pour comprendre son importance à l'échelon mondial, c'est en tout premier lieu une question de circonstances historiques. Il a travaillé à l'université de Gand alors qu'elle était francophone, il l'a quittée quand elle a été néerlandisée. Il a travaillé à Gand avant 1930 et a été extrêmement influencé par les historiens allemands et il a été en contact très étroit et très fort avec l'école historique française. Il s'est donc nourri dans ces deux directions avant la guerre de 14-18. Il a assisté également, et il a été extrêmement touché par les grands mouvements intellectuels de son époque, hors la discipline historique (économie, psychologie, sociologie). dès le départ il a tenté d'établir des passerelles entre ces disciplines tout en étant extrêmement fort de la tradition historique érudite et de la suprématie de l'histoire sur ces autres disciplines. Sur la base de cette notoriété, il a conçu son enseignement et son oeuvre mais il a été confronté à quelque chose qui est un événement très important, il a refusé de pactiser avec les soldats allemands au moment du démarrage de la guerre de 14-18 et il a été détenu en Allemagne pendant une grande partie de la guerre, cela lui a donné un renom énorme dans l'Europe de l'après-guerre, renom qui était accentué et amplifié par la figure héroïque de la Belgique, portrait construit à la fin de la guerre et dans les années suivantes. Pirenne est devenu une forme de symbole de la Belgique héroïque de 14-18.
Le travail de Pirenne est multiple, c'est avant tout un érudit qui travaille sur sources, à l'allemande mais qui sait transcender cette façon de travailler et aborder des grandes questions. La ville est plus spécialement les villes de son pays ont été au coeur de sa réflexion.
La force de son travail et de son écriture ont fait qu'il a donné du phénomène urbain une image assez fort idéal-typique (cf. Max Weber). M. Weber se serait-il inspiré de Pirenne? Pirenne a brossé le tableau d'une Europe du Nord construite par l'armature de ces villes, d'une économie construite par les échanges entre les villes, agies par les marchands des villes, les villes étant produites par l'activité marchande, et des États construits sur l'armature des villes.
Autre chose importante le rôle politique: une ville où des groupes sociaux nouveaux produits par l'activité commerciale et artisanale finissent par prendre le pouvoir politique, par agir en politique, à créer des mouvements révolutionnaires qui sont urbains et, à terme, à construire les éléments de ce qui sera l'esprit civique et puis l démocratie. Cette réflexion, finaliste, boostée par la figure patriotique et politique de Pirenne a eu une importance considérable.
Si Pirenne s'est intéressé à l'histoire de Belgique, une histoire légitime, une histoire dynamique, mais ile ne faut pas oublier que Pirenne s'est occupé de beaucoup d'autres choses. Sa première Histoire de Belgique a paru d'abord en allemand. Puis histoire de l'Europe (écrite en captivité), il a écrit sur les relations entre Europe et monde musulman, les USA où il a enseigné. Il est bien plus universel qu'on ne le montre habituellement.
Texte de Pirenne disponible sur la digithèque de l'ULB (qui détient une partie de ses archives): de la méthode comparative en histoire, discours lors du Ve Congrès des sciences historiques, 1923. Disponible ici http://www.scribd.com/doc/39535798/Henri-Pirenne-De-la-methode-comparative-en-histoire.
La sociologie apporte des suggestions et hypothèses. La sociologie est une science apparentée à l'histoire mais elle ne se confond pas avec elle. Elle indique des points de vue mais ne peut imposer sa méthode. Il reste le procédé de la comparaison grâce à laquelle nous pouvons procéder à la comparaison. Il n'y a de science que du général. Ne pas céder au patriotisme et à l'imagination. Détecter que l'homme doit à son milieu, l'histoire considère les peuples comme autant d'individus isolés et seul de son espèce dans le monde. Le point de vue ethnocentrique est ce qu'il y a de plus opposé à la science, les sciences naturelles nous montrent le chemin à suivre: leur objet c'est toute la nature. Pourquoi au point de vue universel préfère-t-il toujours le point de vue national, càd le point de vue local? Le mal gît dans l'esprit d'exclusivisme avec lequel on aborde son passé, on s'enferme en lui, on ne voit que lui, se rendant incapables de le comprendre. Ce qui manque le plus à nos histoires nationales, c'est l'objectivité scientifique et l'impartialité. Les préjugés de race, politiques, nationaux sont trop puissant, pour s'en affranchir il faut s'élever à cette hauteur où les passions passagères du moment s'apaisent devant la sublimité du spectacle. La méthode comparative permet à l'historien d'échapper aux pièges, par elle seule l'histoire peut devenir une science et s'affranchir des idoles du sentiment.
Ce qui reste vrai, c'est notre difficulté en tant qu'occidentaux à sortir de notre modèle idéal-typique de ville à l'européenne pour aborder les villes d'autres sociétés. On est en permanence confrontés à un modèle européen traité à l'échelon européen.

L'approche braudélienne de la ville (1979)
Des auteurs se sont essayés à ouvrir le regard et à essayer de confronter les villes européennes à d'autres types de ville, dont Braudel (1902-1985) a étudié une ville mondiale de façon approfondie, a construit le modèle de la ville monde, une vile en interaction avec des espaces extrêmement éloignés dans toute une série de domaines;
Les villes sont autant de transformateurs électriques, qui augmentent les tensions, précipitent des échanges, brassent sans fin la vie des hommes (Civilisation matérielle 1 Les structures du quotidien, chap. Cool.
Les historiens se posent toujours les questions des origines de la ville.
Braudel est tributaire de Pirenne et voit la ville qui émerge d'une division de la ville de la campagne par la division du travail. quand on regarde des villes non-européennes, cette division du travail ne s'effectue pas de la même façon en Asie par ex. C'est la vision de la ville créée par des marchands, qui ne sont pas fixés à la terre, qui sont nomades, des "pieds poudreux" (Pirenne).
La division ne peut être que produite par la croissance économique qui se développe d'abord dans le travail des paysans.
On revient à l'européocentrisme: si les villes sont des transformateurs électriques, quand on les voit en développement, c'est grâce à elles que l'Europe a pris sa place dans le monde. Ce qui amène la question: pourquoi l'Europe?
A l'intérieur de la ville, les structures sont liées à la division du travail, entre l'administration, le commerce, l'artisanat et l'industrie dont les différentes étapes de production sont divisées.
Lorsque le textile devient une production sophistiquée, lorsque cette production est importée dans le milieu urbain elle passe d'un travail exclusivement féminin à un travail presque exclusivement masculin et qu'elle fait l'objet d'une très grande division de ses activités de façon à produire du drap à commercialiser et du drap de très grande qualité qui fait qu'une partie de ce secteur textile devient un secteur de très grand luxe impliquant l'appel de matières premières. Aucune grande ville médiévale n'est pas une ville textile.
La ville est le lieu du marché généralisé à toutes les catégories de la population et des biens.
Troisième caractérisation du phénomène urbain: le lieu d'implantation du pouvoir.
Les villes sont des lieux d'ouverture sur les échanges lointains aussi bien pour le commerce que pour les échanges intellectuels (culture, idées religieuses, scientifiques, politiques).
Rappel: il a enseigné au Brésil.
Autre élément: la notion des réseaux urbains, des relations que les villes tissent entre elles dans une aire régionale ou internationale et des conflits qui vont avec pour la suprématie dans le réseau. Il y a des réseaux urbains hiérarchisés.
Le regard de la vile sur elle-même suppose une vie inférieure à la sienne (qui est rurale, les citadins considèrent que c'est à eux de donner le ton, la campagne suivra). La ville s'auto-regarde, elle a une opinion sur elle-même, les gens qui l'habitent (ses élites) ont une capacité à construire de l'utopie.
Si on regarde ce qui se passe au Caire ou à Tunis, il y a quelque chose qui résonne.

Braudel et la ville comme espace
Braudel donne de l'importance à la morphologie urbaine, il a été beaucoup suivi mais parfois de façon trop courte (d'où la lecture de L. Lefèvre), sans tenir compte de l'interaction entre un espace et ses usagers et comment l'espace peut produire de la société.
La ville est délimitée, elle est visible dans le territoire, souvent par des murailles.
C'est un espace qui est organisé, même si cette organisation n'apparaît pas comme rationnelle. Il réfléchit aux plans en damier, caractéristiques des villes américaines nouvelles mais qu'on retrouve ailleurs. (Mais il ne répond pas à la question: quel est le sens du damier. Pourquoi un damier, et qu'est-ce que le damier provoque chez l'habitant? Qu'est-ce que c'est de vivre dans une ville en damier?)
Il étudie les villes organiques, irrégulières (Europe occidentale, monde musulman, Indu du nord). La ville organique a été mise sur le pavois, pittoresque et donc touristique par excellence. On lui a donné une valeur qualitative dans les années 70. Est-ce vraiment l'image de la spontanéité? Ont-elles un sens?
Dernier élément, le site des villes: est-ce qu'une ville ne peut se développer que dans un site dont la position est en quelque sorte préalable à l'existence de la ville? Site exprimant un privilège: pas déterminant mais pas indifférent. Les privilèges de position changent, selon les fonctions dominantes développées dans la ville.

La semaine prochaine, fin des considérations sur les historiens et les villes.

dragan

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Message  dragan Ven 25 Fév - 10:39

Billen 25 février 2011

Poursuite de la comparaison Los Angeles et Shangaï

Qu'est-ce qu'une ville mondiale fait à son environnement?

A LA, l'organisation spatiale vers l'étalement urbain et un habitat de type villas. Il y a la question de la charge publique de l'entretien des routes. Or les pouvoirs publics sont peu présents aux USA, les infrastructures deviennent de plus en plus fragiles et il y a de gravissimes problèmes de route ainsi que des problèmes pour l'approvisionnement en eau (les installations ont vieilli). La consommation de l'eau à LA (15 millions d'habitants dans la zone urbaine) est élevée, nombreuses piscines et jardins, l'approvisionnement en eau devient difficile. La pollution atmosphérique est très importante dans le centre où la voiture est omniprésente. Autre élément, LA doit également se préparer à des problèmes sismiques permanents.

Pour Shangaï, on est face à des problèmes de pollution atmosphérique importante, avec recours massif à l'automobile. La pollution automobile est accentuée par une pollution aérienne et aquatique liée à la présence importante d'une industrie lourde (chimie, pétrole...). Autre problème qu'on ne trouve pas à LA, la question du patrimoine, Shangaï a un patrimoine important qui a été conservé jusqu'au milieu du siècle (de type européen et les quartiers chinois). Tout cela a été mis à mal par les combats et la modernisation rapide de la ville et on essaye aujourd'hui de remettre en place ces souvenirs sous la forme de faux-vieux. L'environnement est à la mode, la Chine veut se donner une image novatrice, Shangaï ne pouvait rester à la traîne, on a créé une réserve naturelle à proximité du port.

Conclusions
Devenir ville mondiale est un processus qui n'est pas linéaire ni définitif, comme on le voit pour Shangaï.
Il y a un rôle important dans l'affirmation du processus.
Au-delà des services de pointe: rôle de la notoriété par la culture et la production culturelle. Conscience de soi, volontarisme culturel, construction d'identité. Innovations politiques.
Conséquences socio politiques internes de la position mondialisée.


DEUX VILLES Xi'an et Tombouctou (Mali)
Deux villes "mondiales" anciennes (elles ne le sont plus aujourd'hui)
Deux villes "mondiales" non portuaires, très éloignées de la mer
Deux villes d'échelles très différentes
Tombouctou devient une ville touristique.


Pourquoi et comment sont-elles devenues mondiales?
L'une et l'autre appartiennent à un monde restreint
- Xi'an appartient à la grande Eurasie de l'antiquité et du MA
- Tombouctou appartient au monde méditerranéen, aux premières interactions entre la méditerranée et l'Afrique au MA et au début de l'époque moderne

Ce sont des carrefours d'échanges à très longue distance
- Xi'an est l'aboutissement oriental de la Route de la Soie
- Tombouctou est un aboutissement des routes transsahariennes

Points commun: villes au carrefour de routes commerciales: route de la soie et route transsaharienne.

Processus historique de "métropolisation"

Xi'an ou Shang'an, localisée à proximité de la première capitale de l'empire chinois; devient à son tour capitale des Han. Environnée de très grandes nécropoles.
Bénéficie de relations nouées par les empereurs avec les peuples nomades du Nord-Ouest de la Chine (IIe siècle avant JC)
Bénéficie d'échanges intenses et anciens avec une large zone asiatique, notamment avec le Nord-Ouest de l'Inde (c'est de là que partiront les premiers produits chinois vers l'Empire romain)
Bénéficie des nouveaux itinéraires créés par les peuples sogdiens, persans et turcs à travers l'Asie centrale
Devient un carrefour de marchands et de marchandises
Devient un centre culturel et de cohabitation ethnique et religieuse remarquable
Perd son caractère "mondial" au Xe siècle; le retrouve temporairement durant la "Pax mongolica" XIIe-XIIIe siècle

Tombouctou: halte de touaregs à la jointure du Sahara avec le Sahel et la boucle du fleuve Niger, dans la zone du delta intérieur de cette rivière (XIe siècle)
Les itinéraires transsahariens se développent notamment grâce au commerce de l'or vers la Méditerranée, dont l'approvisionnement est contrôlé par l'empire du Ghana (VIIIe-IXe siècle)
L'effondrement de l'empire du Ghana laisse la place à de nouveaux empires entretenant des rapports assidus avec les arabes et la Berbères islamisés d'Afrique du Nord
L'islamisation des dirigeants et des élites s'effectue rapidement
Tombouctou devient la principale ville de l'empire de Songhay (XIVe+-XVIIe s.) Draine l'or, le sel, les chevaux
Tombouctou devient un haut lieu de l'enseignement coranique
L'empire Songhay détruit par une expédition marocaine (1591-1612)
Les itinéraires transsahariens marginalisés par la navigation atlantique; le commerce de l'or remplacé par le commerce des esclaves

Convergences/divergences
- Rôle de l'Etat
Xi'an; choix politique du pouvoir impérial est décisif
- localisation de la capitale
- choix diplomatique
- la soie comme monnaie et comme solde
- l'organisation socio-politique
Tombouctou: localisation et extension de l'empire Songhay; contrôle du commerce transsaharien

Villes d'interconnexions
...
Je n'ai pas pris note de la suite.



dragan

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